Le Dr Julie Racaud, membre du comité de pilotage et praticien hygiéniste aux Hôpitaux du Pays du Mont-Blanc. ©DR
Pourquoi avoir créé une commission JePPRI ?
Dr Julie Racaud : Celle-ci fait suite à une réflexion menée par de jeunes hygiénistes autour du manque de visibilité des professionnels de la prévention du risque infectieux auprès de la communauté médicale et de la population. La pandémie a, certes, contribué à revaloriser notre spécialité et les actions que nous menons depuis déjà de nombreuses années. Pour autant, les hygiénistes ont par exemple été peu sollicités par les médias durant cette période, à l’inverse des infectiologues ou des réanimateurs. Or la visibilité d’une spécialité et son attractivité professionnelle sont étroitement liées. Là aussi, il y a un certain progrès car de plus en plus de jeunes la choisissent directement à l’issue de leur internat, alors qu’auparavant, les recrutements s’effectuaient pour l’essentiel par des reconversions. Il nous faut donc continuer à promouvoir notre métier pour maintenir cette dynamique nouvelle. Ce sont autant de raisons qui ont mené à la création du JePPRI, qui s’attachera également à développer des relations avec les commissions équivalentes au sein d’autres sociétés savantes – comme le réseau des jeunes infectiologues et le réseau des jeunes microbiologistes cliniques.
Vous évoquez les jeunes professionnels de la prévention du risque infectieux et non les jeunes hygiénistes. Pourquoi ?
Cette dénomination matérialise notre souhait, et celui de nos confrères, de redynamiser notre spécialité. Le terme d’hygiéniste hospitalier ne nous semble en effet pas rendre pleinement compte de la grande diversité de nos actions et de notre multidisciplinarité : nous intervenons à tous les étages de l’hôpital, nous frottons à toutes les spécialités médicales et paramédicales, opérons, pour certains d’entre nous, auprès du secteur médico-social… avec à chaque fois la volonté de renforcer la prévention du risque infectieux qui est lui-même multifactoriel. Nous avons donc récemment lancé un sondage autour du futur nom des actuels hygiénistes. Trois choix étaient proposés : la prévention du risque infectieux, la prévention et le contrôle des infections, ou garder l’appellation d’hygiéniste. La première option est celle qui a obtenu le plus de votes, puisqu’elle a été retenue par 350 répondants, sur les 839 ayant participé au sondage. D’ailleurs, la SF2H vient de modifier son logo pour l’y intégrer.
Comment rejoindre le JePPRI ?
En ce qui concerne les professionnels médicaux, il faut soit être inscrit dans la formation spécialisée transversale en hygiène hospitalière – ou son équivalent pour les internes relevant de l’ancien régime –, soit être assistant ou praticien hospitalier contractuel, avec moins de cinq ans de présence sur le poste. Et être, naturellement, adhérent à la SF2H. De même, les paramédicaux doivent avoir une expérience de moins de cinq ans dans la prévention et le contrôle de l’infection. Nous cherchons d’ailleurs aujourd’hui à recruter massivement, et serons présents à cette fin lors du prochain congrès de la société savante. Nous disposons déjà d’un comité de pilotage de sept membres, qui participe aux travaux de la SF2H. Nous avons par exemple participé aux travaux sur la saisine du Ministère, qui avait mené à la rédaction du rapport sur le rôle et les missions des équipes opérationnelles d’hygiène et des équipes mobiles d’hygiène, et participons aujourd’hui au groupe de travail autour d’antisepsie de l’enfant, ainsi qu’aux réunions visant à actualiser le guide des précautions complémentaires air et gouttelettes. Mais nous avons également des missions qui nous sont propres, comme l’organisation prochaine de formations faisant intervenir des experts dans des domaines transversaux ou plus spécialisés, ou encore la création d’un guide sur les formations existantes. Sans oublier, naturellement, toutes les actions que j’ai évoquées autour de la visibilité de notre spécialité. Nous sommes ici très actifs sur les réseaux sociaux où nous nous attachons, notamment, à lutter contre les fake news, en particulier en ce qui concerne les équipements de protection individuelle.
C’est là le rôle de votre sous-commission Communication.
Quatre sous-commissions ont en effet été constituées à ce jour, Communication, Bibliographie, Formation/Mobilité, et Événements. D’où la nécessité de pouvoir recruter suffisamment de jeunes professionnels de la prévention du risque infectieux, qui pourront les faire vivre et alimenter leurs travaux. Nous cherchons également à créer un réseau de représentants régionaux, y compris à l’Outre-Mer, et qui comprendrait à chaque fois un binôme médical-paramédical. Les chantiers sont donc nombreux pour ces prochains mois, mais nous sommes optimistes car nous constatons déjà un grand intérêt pour nos actions et nos missions. Le congrès de la SF2H sera d’ailleurs l’occasion de venir nous rencontrer et d’échanger en direct.
Quels seront les principaux temps forts de ce rendez-vous annuel majeur ?
J’évoquerai notamment les sessions plénières et la session internationale, qui feront écho aux quatre thèmes retenus pour cette édition 2022. La lutte contre l’antibiorésistance, et la prévention et le contrôle des infections dans le secteur médico-social, qui font d’ailleurs l’objet de programmes nationaux. L’éco-responsabilité, qui représente une tendance de fond en particulier en ce qui concerne la limitation des produits à usage unique. Nous y souscrivons totalement, mais tenons également à rappeler que les solutions réutilisables ne sont pas pertinentes pour toutes les indications. La SF2H compte d’ailleurs apporter ici quelques éclairages. Et enfin les nouveaux procédés de désinfection des dispositifs médicaux, autour desquels une certaine pédagogie est nécessaire afin que tous puissent faire des choix éclairés et en adéquation avec les exigences normatives.
Le mot de la fin ?
Je citerai aussi, parmi les autres temps forts, les sessions de posters commentés, toujours très attendues car traitant de problématiques issues du terrain. Sans oublier la session Jeunes, que nous organisons sur la communication, ainsi que les très nombreuses communications libres y compris paramédicales, autour des Bactéries hautement résistantes émergentes (BHRe), du Covid-19, naturellement, des gestes et dispositifs invasifs, des infections associées aux soins, etc. À savoir également : nous sommes conscients que cet événement a un coût pour les internes. Dix d’entre eux pourront donc bénéficier d’une entrée gratuite offerte par la SF2H. Il faut, pour cela, être adhérent à la société savante, et faire une demande auprès du JePPRI.
Article publié dans l'édition de mai 2022 d'Hospitalia à lire ici.
> Pour en savoir plus sur le prochain congrès de la SF2H : https://www.sf2h.net/congres/32eme-congres-sf2h-lyon-2022
> Pour tout connaître sur le JePPRI, rendez-vous sur les réseaux sociaux : @je_ppri (Twitter), je_ppri (Instagram), et Je PPRI (LinkedIn et Facebook), ou écrire à jeppri.groupe@gmail.com
Dr Julie Racaud : Celle-ci fait suite à une réflexion menée par de jeunes hygiénistes autour du manque de visibilité des professionnels de la prévention du risque infectieux auprès de la communauté médicale et de la population. La pandémie a, certes, contribué à revaloriser notre spécialité et les actions que nous menons depuis déjà de nombreuses années. Pour autant, les hygiénistes ont par exemple été peu sollicités par les médias durant cette période, à l’inverse des infectiologues ou des réanimateurs. Or la visibilité d’une spécialité et son attractivité professionnelle sont étroitement liées. Là aussi, il y a un certain progrès car de plus en plus de jeunes la choisissent directement à l’issue de leur internat, alors qu’auparavant, les recrutements s’effectuaient pour l’essentiel par des reconversions. Il nous faut donc continuer à promouvoir notre métier pour maintenir cette dynamique nouvelle. Ce sont autant de raisons qui ont mené à la création du JePPRI, qui s’attachera également à développer des relations avec les commissions équivalentes au sein d’autres sociétés savantes – comme le réseau des jeunes infectiologues et le réseau des jeunes microbiologistes cliniques.
Vous évoquez les jeunes professionnels de la prévention du risque infectieux et non les jeunes hygiénistes. Pourquoi ?
Cette dénomination matérialise notre souhait, et celui de nos confrères, de redynamiser notre spécialité. Le terme d’hygiéniste hospitalier ne nous semble en effet pas rendre pleinement compte de la grande diversité de nos actions et de notre multidisciplinarité : nous intervenons à tous les étages de l’hôpital, nous frottons à toutes les spécialités médicales et paramédicales, opérons, pour certains d’entre nous, auprès du secteur médico-social… avec à chaque fois la volonté de renforcer la prévention du risque infectieux qui est lui-même multifactoriel. Nous avons donc récemment lancé un sondage autour du futur nom des actuels hygiénistes. Trois choix étaient proposés : la prévention du risque infectieux, la prévention et le contrôle des infections, ou garder l’appellation d’hygiéniste. La première option est celle qui a obtenu le plus de votes, puisqu’elle a été retenue par 350 répondants, sur les 839 ayant participé au sondage. D’ailleurs, la SF2H vient de modifier son logo pour l’y intégrer.
Comment rejoindre le JePPRI ?
En ce qui concerne les professionnels médicaux, il faut soit être inscrit dans la formation spécialisée transversale en hygiène hospitalière – ou son équivalent pour les internes relevant de l’ancien régime –, soit être assistant ou praticien hospitalier contractuel, avec moins de cinq ans de présence sur le poste. Et être, naturellement, adhérent à la SF2H. De même, les paramédicaux doivent avoir une expérience de moins de cinq ans dans la prévention et le contrôle de l’infection. Nous cherchons d’ailleurs aujourd’hui à recruter massivement, et serons présents à cette fin lors du prochain congrès de la société savante. Nous disposons déjà d’un comité de pilotage de sept membres, qui participe aux travaux de la SF2H. Nous avons par exemple participé aux travaux sur la saisine du Ministère, qui avait mené à la rédaction du rapport sur le rôle et les missions des équipes opérationnelles d’hygiène et des équipes mobiles d’hygiène, et participons aujourd’hui au groupe de travail autour d’antisepsie de l’enfant, ainsi qu’aux réunions visant à actualiser le guide des précautions complémentaires air et gouttelettes. Mais nous avons également des missions qui nous sont propres, comme l’organisation prochaine de formations faisant intervenir des experts dans des domaines transversaux ou plus spécialisés, ou encore la création d’un guide sur les formations existantes. Sans oublier, naturellement, toutes les actions que j’ai évoquées autour de la visibilité de notre spécialité. Nous sommes ici très actifs sur les réseaux sociaux où nous nous attachons, notamment, à lutter contre les fake news, en particulier en ce qui concerne les équipements de protection individuelle.
C’est là le rôle de votre sous-commission Communication.
Quatre sous-commissions ont en effet été constituées à ce jour, Communication, Bibliographie, Formation/Mobilité, et Événements. D’où la nécessité de pouvoir recruter suffisamment de jeunes professionnels de la prévention du risque infectieux, qui pourront les faire vivre et alimenter leurs travaux. Nous cherchons également à créer un réseau de représentants régionaux, y compris à l’Outre-Mer, et qui comprendrait à chaque fois un binôme médical-paramédical. Les chantiers sont donc nombreux pour ces prochains mois, mais nous sommes optimistes car nous constatons déjà un grand intérêt pour nos actions et nos missions. Le congrès de la SF2H sera d’ailleurs l’occasion de venir nous rencontrer et d’échanger en direct.
Quels seront les principaux temps forts de ce rendez-vous annuel majeur ?
J’évoquerai notamment les sessions plénières et la session internationale, qui feront écho aux quatre thèmes retenus pour cette édition 2022. La lutte contre l’antibiorésistance, et la prévention et le contrôle des infections dans le secteur médico-social, qui font d’ailleurs l’objet de programmes nationaux. L’éco-responsabilité, qui représente une tendance de fond en particulier en ce qui concerne la limitation des produits à usage unique. Nous y souscrivons totalement, mais tenons également à rappeler que les solutions réutilisables ne sont pas pertinentes pour toutes les indications. La SF2H compte d’ailleurs apporter ici quelques éclairages. Et enfin les nouveaux procédés de désinfection des dispositifs médicaux, autour desquels une certaine pédagogie est nécessaire afin que tous puissent faire des choix éclairés et en adéquation avec les exigences normatives.
Le mot de la fin ?
Je citerai aussi, parmi les autres temps forts, les sessions de posters commentés, toujours très attendues car traitant de problématiques issues du terrain. Sans oublier la session Jeunes, que nous organisons sur la communication, ainsi que les très nombreuses communications libres y compris paramédicales, autour des Bactéries hautement résistantes émergentes (BHRe), du Covid-19, naturellement, des gestes et dispositifs invasifs, des infections associées aux soins, etc. À savoir également : nous sommes conscients que cet événement a un coût pour les internes. Dix d’entre eux pourront donc bénéficier d’une entrée gratuite offerte par la SF2H. Il faut, pour cela, être adhérent à la société savante, et faire une demande auprès du JePPRI.
Article publié dans l'édition de mai 2022 d'Hospitalia à lire ici.
> Pour en savoir plus sur le prochain congrès de la SF2H : https://www.sf2h.net/congres/32eme-congres-sf2h-lyon-2022
> Pour tout connaître sur le JePPRI, rendez-vous sur les réseaux sociaux : @je_ppri (Twitter), je_ppri (Instagram), et Je PPRI (LinkedIn et Facebook), ou écrire à jeppri.groupe@gmail.com